IRIS Toutes « Les Brèves d'Iris » sont organisées mensuellement après leur parution dans
LES IRIS

 


Date: Mon, 28 May 2001 01:21:02 +0200
Subject: Les associations en tete de gondole du supermarche AFNIC


Bonsoir,

Vous trouverez ci-dessous un communiqué de presse d'IRIS, intitulé «
Soldes d'été : le supermarché AFNIC place les associations en tête de
gondole », suivi de commentaires plus détaillés sous le titre « les
dessous d'une offre alléchante ».
L'association analyse l'offre promotionnelle, lancée par l'AFNIC à
destination des associations, ses conséquences sur le secteur non
marchand, et le rôle du Secrétariat d'État à l'Économie solidaire dans
cette affaire.
Une dérive spéculative de plus, qui rend urgente la nécessité
d'instaurer, comme le propose IRIS, un service public d'enregistrement
des noms de domaines correspondant aux codes pays de la France.

Adresse du communiqué et des commentaires détaillés sur le web :
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-afnic0501.html

Pour IRIS, Meryem Marzouki
=======================

Soldes d'été : le supermarché AFNIC place les associations en tête de gondole

----------------------------------------
Communiqué de presse d'IRIS - 28 mai 2001
----------------------------------------

Dans un document intitulé « Les dessous d'une offre alléchante »,
l'association IRIS propose d'instaurer un service public
d'enregistrement des noms de domaine, directement ouvert à tous,
dissocié de la gestion technique (hébergement et redirection) par un
prestataire quelconque, et avec un coût maximal par domaine, pour les
personnes physiques et les groupements à but non
lucratif, dans le cadre d'une péréquation tarifaire avec les entreprises.

Cette proposition est une riposte alternative à l'annonce que vient de
faire l'AFNIC dans un message adressé aux prestataires conventionnés,
présentant son offre promotionnelles estivale pour les associations, à
l'occasion du centenaire de la loi du 1er juillet 1901 et avec le
soutien du Secrétariat d'État à l'Économie solidaire.

IRIS estime que l'AFNIC « poursuit ainsi son entreprise de captation de
l'espace des noms de domaines correspondant aux codes pays de la France
(.fr, mais aussi .re pour La Réunion) ». IRIS, qui a déjà dénoncé ces «
manoeuvres », note que « celles-ci s'accompagnent aujourd'hui de la
volonté de faire main-basse sur le segment de marché, décidément bien
lucratif, constitué par le secteur associatif ».

Pour IRIS, « cette opération risque de tuer à très court terme les
prestataires associatifs et coopératifs, qu'ils soient vraiment non
marchands ou "plus ou moins marchands", au profit des gros prestataires
commerciaux membres de l'AFNIC ».

Contact IRIS : iris-contact@iris.sgdg.org - Tel/Fax : 0144749239

----------------------------------------
Commentaires détaillés d'IRIS - 28 mai 2001
----------------------------------------

Les dessous d'une « offre alléchante »

L'AFNIC organisera, du 2 juillet au 15 décembre 2001, une « opération
d'enregistrement gratuit des noms de domaine en ".asso.fr" et ".asso.re"
». Seuls les prestataires membres de
l'AFNIC ayant signé avant le 14 juin 2001 un « contrat de partenariat »
avec l'AFNIC pourront être partenaires de cette opération, et donc
offrir ces enregistrements gratuits.

Conséquences pour les utilisateurs du secteur associatif

La gratuité n'étant valable que pendant 12 mois, le tarif habituel de «
maintenance » sera ensuite appliqué. Il s'agit donc bien d'une offre
d'appel, apparemment « alléchante », mais dont l'effet
est de rendre les associations captives de l'AFNIC et de ses gros
prestataires. En effet, on se souvient que l'AFNIC a déjà tenté
d'éliminer les petits prestataires, en leur imposant une grille
unique de tarification au prix fort, qu'ils ne pouvaient que répercuter
sur leurs abonnés [1]. Au bout d'un an de gratuité, les associations
ayant opté pour cette offre n'auront d'autre choix
que d'accepter les tarifs et conditions imposés, sauf à se résoudre à
des modifications de leurs adresses, opérations toujours lourdes et préjudiciables.

Conséquences pour les prestataires associatifs et coopératifs, et les indépendants

L'AFNIC impose des conditions au partenariat. « Pourront devenir
partenaires de cette opération les prestataires qui, en sus de
l'enregistrement de domaine, offriront au moins l'un des services
suivants et ce, gratuitement pendant 12 mois : redirection Web et Mél
et/ou espace d'hébergement pour des pages web et/ou création d'une ou de
plusieurs adresses de messageries électroniques ». De plus, l'AFNIC
demande de « faire afficher clairement les frais de maintenance dont
l'utilisateur sera redevable l'année suivante ».
Seuls pourront survivre à ces conditions les prestataires dont l'assise
financière est suffisamment solide pour se passer de ces revenus pendant
une année. Il s'agit de ceux qui compenseront un tel « manque à gagner »
par des rentrées publicitaires, ou par la commercialisation de profils
de consommateurs, ou encore par la disponibilité de capitaux permettant
d'attendre des « jours meilleurs ». Par exemple ceux qui verront
arriver, au bout d'un an et un jour, les utilisateurs du secteur
associatif devenus captifs de leur adresse en .asso.fr, et dont le
précédent prestataire aura dû déposer la clé sous la porte de l'AFNIC.

L'AFNIC tue le secteur non marchand

Toujours prompte à défendre les intérêts particuliers de ses plus gros
membres - qui disposent du droit de vote - au détriment de l'intérêt
général, l'AFNIC a déjà mis au point sa stratégie de
communication. Ainsi, son site Web présentera un tableau reprenant «
l'ensemble des partenaires qui seront classés selon les priorités
suivantes, et ce pour répondre à l'attente des
utilisateurs : les services offerts, le n° du département, l'ordre
alphabétique ».

Outre que les prestataires les plus riches seront par conséquent en haut
de l'affiche, du simple fait qu'ils sont en mesure d'offrir le plus de
services « gratuits », cette classification par « services » ignore
complètement le fonctionnement des prestataires non marchands. Ceux-ci
n'établissent pas une grille de tarification au service, mais offrent
l'ensemble de leurs services pour une cotisation forfaitaire.

Ainsi, le Réseau associatif et syndical (R@S), dont IRIS est membre,
offre l'ensemble de ses services à tous ses adhérents, qui paient une
cotisation différenciée selon leurs moyens, et qui
décident en commun de la panoplie de services souhaitables, en fonction
des moyens collectifs disponibles. D'autres prestataires, associatifs ou
coopératifs, procèdent selon la même logique pour l'offre de services,
même s'ils ne différencient pas forcément les cotisations de leurs
membres ou sociétaires.

Le Secrétariat d'État à l'Économie solidaire donne le coup de grâce

Si le souci de l'AFNIC pour les intérêts de ses membres n'étonne plus
personne, le rôle joué par le Secrétariat d'État à l'Économie solidaire
(SEES) dans cette affaire est pour le moins troublant. En effet,
l'opération commerciale promotionnelle sera annoncée par l'AFNIC au
cours de la troisième semaine de juin, dans le cadre d'une conférence de
presse commune avec le SEES, qui lui apporte ainsi sa « caution
solidaire ».

Depuis sa création, le SEES nous a, il est vrai, habitués aux « coups
médiatiques » et au saupoudrage de soutien financier, en lieu et place
d'une vraie politique en faveur du développement de l'économie solidaire.

Ainsi, le programme « Dynamiques solidaires » a soulevé les espoirs de
2600 porteurs de projets [2], dont 13 seulement en lien avec Internet
ont été retenus, selon des critères qui restent bien flous [3]. Mais
l'objectif d'un tel appel à projets, dénué de tout semblant de cahier
des charges, n'était-il pas, simplement, d'affirmer l'existence d'un
Secrétariat d'État en mal de
reconnaissance ? Et qu'importe alors que ces porteurs de projets aient
dépensé du temps, de l'énergie et de l'argent pour répondre à l'appel :
le SEES peut à présent se prévaloir de « l'animation d'un réseau ».

Par cette nouvelle opération médiatique, le SEES engage aujourd'hui, de
manière sans doute irréfléchie, les associations à se livrer pieds et
poings liés aux gros prestataires commerciaux.
L'inconscience va jusqu'à ignorer les conséquences de cette opération
sur les prestataires associatifs et coopératifs, dont certains figurent
pourtant parmi les 13 porteurs de projets 
« élus ».

Pour un service public d'enregistrement des noms de domaines

Le seul moyen de mettre fin à ces dérives spéculatives est, comme l'a
déjà recommandé IRIS à de nombreuses reprises [1][4], d'instaurer un
vrai service public d'enregistrement des noms de
domaines correspondant aux codes pays de la France.

L'avant-projet de loi sur la « société de l'information » reconnaît déjà
que ces noms de domaine constituent une ressource publique, devant être
gérée « dans l'intérêt général en garantissant des conditions d'accès
objectives, transparentes et non discriminatoires » [5].

Il faut aller plus loin en précisant dans la loi les conditions d'accès
et de tarification, suivant les modifications de l'article 2 de
l'avant-projet recommandées par IRIS [6], notamment :

- Instaurer un service public d'enregistrement des noms de domaine,
directement ouvert à tous, et dissocié de sa gestion technique
(hébergement et redirection) par un prestataire quelconque.

- Instaurer un coût maximal par domaine, pour les personnes physiques et
les groupements à but non lucratif, dans le cadre d'une péréquation
tarifaire avec les entreprises.

Jusqu'ici, l'AFNIC justifiait la situation actuelle par les coûts de
vérification de la légitimité à prétendre à un nom de domaine dans
l'espace « .fr ». Le message adressé à ses membres indique clairement
que cette difficulté est à présent levée par le recours à une base de
données en ligne, permettant la vérification quasi-automatique de ces informations.

Plus aucun prétexte ne s'oppose donc à la transformation de l'AFNIC en
un réel service public d'enregistrement des noms de domaine.

Références :

[1] IRIS. « Instaurer le service public des noms de domaine pour arrêter
la captation du .fr par l'AFNIC et les prestataires privés ». Communiqué
de presse. 15 octobre 2000.
http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-afnic1000.html
[2] SEES. « Appel à projets "Dynamiques solidaires" ». 
http://www.social.gouv.fr/economie-solidaire/actualite/appel.htm
[3] Le Monde Interactif. « La politique du lien associatif », portrait
de Véronique Kleck, conseillère technique au SEES. 23 mai 2001.
http://interactif.lemonde.fr/article/0,5611,2864--186411-0,FF.html
[4] IRIS. « 85 recommandations pour un Internet démocratique en l'an
2000 », section 1.5. Rapport. Novembre 1999.
http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-lsi/lsi-section1.html#R15
[5] Avant-projet de loi sur la « société de l'information »
(NOR:ECOX0100052L/R1), article 2. 31 mars 2001.
http://www.iris.sgdg.org/actions/lsi/apl/lsi-apl-310301.html#2
[6] IRIS. « Avant-projet de loi sur la "société de l'information" -
Analyse et recommandations d'IRIS », article 2. Rapport. 21 mai 2001.
http://www.iris.sgdg.org/documents/rapport-lsi-apl/titre1.html#1


INFORMATIONS SUR « LES BRÈVES D'IRIS »

« Les Brèves d'Iris » sont diffusées gratuitement, sur abonnement. Elles sont ensuite mensuellement organisées dans LES IRIS, la lettre d'Iris. Rediffusion et reproduction autorisées, moyennant mention complète de la référence.
Retrouvez toutes « Les Brèves d'Iris » sur le Web : http://www.iris.sgdg.org/les-iris/lbi/index.html.
Retrouvez « LES IRIS » sur le Web : http://www.iris.sgdg.org/les-iris/index.html.
Lisez le courrier de « LES IRIS » : http://www.iris.sgdg.org/les-iris/cdl-li.html.
Abonnement, désabonnement et changement d'adresse : http://www.iris.sgdg.org/les-iris/abonn-li.html.
Informations et courrier à la rédaction : redac-li@iris.sgdg.org.
À propos de la lettre d'IRIS : http://www.iris.sgdg.org/les-iris/apropos-li.html.

(dernière mise à jour le 28/05/2001) - webmestre@iris.sgdg.org