The Public Voice in Electronic Commerce
La place du citoyen dans le commerce électronique

OECD  Paris - October 11th, 1999
OCDE  Paris - 11 Octobre1999

Présentation de
Serge Leroux

Nouvelles technologies de l'information et de la communication, nouveaux rapports de la production et de la consommation, nouvelles coopérations

Serge Le Roux,
secrétaire général
Institut syndical d'études et de recherches économiques et sociales (ISERES)
CGT, France

L'ISERES, depuis sa création en 1982, s'est intéressé aux effets des transformations techniques sur les situations de travail, d'abord dans les domaines de l'informatique et de la productique, puis, depuis quelques années dans ceux liés aux NTIC (dans un premier temps, sous l'angle du travail à distance). Cette orientation de travail semble aller de soi pour un institut de recherche agissant pour, et avec, les syndicats de salariés, tant il est important de comprendre les logiques d'introduction des innovations technologiques, leurs effets sur les rapports salariaux présents et à venir, leurs conséquences en termes de qualité de l'offre de travail, de relation à la consommation, d'exclusion sociale, etc.

De fait, concernant les technologies actuellement prépondérantes, on voit leur caractère profondément ambivalent :

La violence de l'expansionnisme monétaire a, certes, suscité des réactions salutaires, qu'il s'agisse des mobilisations populaires pour en obtenir une certaine régulation, ou de la résistance des structures politiques nationales (ou zonales) face aux tentatives de déréglementation. Mais les oppositions intervenant dans la sphère de la production et de la distribution semblent être d'un autre type, plus endogènes.

Quand il s'agit d'appliquer à l'industrie et aux autres activités de production, les NTIC, les déterminations premières des chefs d'entreprise restent dans l'ordre classique de la recherche d'une plus grande intensification du travail (c'est "l'hyper-taylorisme", celui qui concerne aussi les fonctions mentales du travail). A ce moment classique de la logique de l'exploitation capitaliste, vient toutefois s'en adjoindre un autre, lié directement à la nature même des technologies en cours, et qui pousse à une défordisation de la production.

Cette caractéristique majeure des NTIC est connue, son élément de base, l'information est un bien économique nouveau qui présente l'originalité (dans l'histoire économique) de conserver une valeur au-delà de son utilisation (ce qui équivaut à considérer que sa valeur intrinsèque tend vers zéro). L'abondance, qui devient de la sorte réalisable, transforme tout aussi bien les rapports sociaux que ceux du travail, ouvrant dans ces deux sphères, et dans leurs relations, de multiples champs de possibilités inédites.

Cet appétit de liberté est toutefois contredit par la loi de la firme et des critères qu'elle fait fonctionner, notamment en termes de rentabilité des capitaux avancés. Un nouvel univers de contradictions est ainsi en train de se constituer, fait, par exemple, de création de liens "one-to-one" (pour tenter de fidéliser des clients de plus en plus volages et, aussi, pouvoir capter les signes nouveaux donnés par le marché) et leur négation produite par le souci d'encadrer et de museler un personnel de plus en plus actif, indépendant et exigeant (y compris en termes de relations internes, d'orientations de la production, et de gestion de la firme).

Il n'est, dès lors, pas très surprenant que les firmes rencontrent des difficultés grandissantes à recruter des salariés, puisque ceux-ci devraient, à la fois, être :

La contradiction majeure que semblent introduire les NTIC dans l'organisation capitaliste de la production et de la consommation, serait ainsi celle qui oppose qualité, liberté de choix, construction coopérative de réponses individuelles... aux critères quantitatifs liés à la recherche de taux (ou de marges) de rentabilité, définis selon des normes et des références financières.

Des voies alternatives commencent à se construire dès à présent, encore fragiles, mais prometteuses :

Le mouvement syndical aborde avec difficultés et retards ce champ nouveau d'affrontements, l'enracinement de nombre de ses structures et d'acquis des salariés dans le modèle taylorien-fordien n'étant pas le moindre des obstacles. Les NTIC favorisent les rapprochements entre individus et forces progressistes ; déjà des luttes sociales utilisent Internet comme moyen d'action. Espérons qu'il s'agit de premiers signes vers la création d'une nouvelle communauté humaine...